? Pendant la lecture, profitez pour découvrir ou redécouvrir notre playlist intitulée “David Bowie Est…”.
Vous pouvez aussi retrouver notre article rédigé par notre équipe et dans lequel nous célébrions à notre façon le premier anniversaire de la disparition de David…
Deux ans après sa disparition, le deuil n’est toujours pas fait pour les amateurs de musique. David Bowie nous a passionné pendant des années et nous fascinera toujours.
Il est rare de voir autant de diversité chez un seul et même artiste. Un musicien caméléon, qui s’est caché sous une multitude de personnalités pour exprimer son art.Bowie rassemble et divise aussi.
Notre rédaction a essayé de comprendre ce qui passionne chez Bowie en fonction des ses différentes périodes.
Les Origines du Mythe.
Quelle est la pire chose qui puisse arriver au premier album d’un jeune artiste inconnu ?
La réponse ? Sortir cet album le même jour qu’un album des Beatles.
C’est le 1er Juin 1967 que paraît David Bowie.
Et c’est sûrement le pire timing de l’histoire car ce n’est pas n’importe quel album des Beatles qui sort ce même jour. Il s’agit de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Clubs Band.
L’album de Bowie est donc un cuisant échec commercial et peu de monde n’accorde de l’importance à ses premières années.
Mais le talent de David ne passe tout de même pas inaperçu puisqu’il est choisi pour adapter en anglais le tube de Claude François “Comme d’Habitude”. Tube qui sera plus tard signé par Paul Anka qui en finira l’adaptation.
De Bowie à Ziggy Stardust.
Nous entrons dans la première vraie phase artistique de David, la période Glam Rock : une mouvance dont la création peut totalement être attribuée à David Bowie.
De 1969 à 1973, le britannique va explorer et surtout poser toutes les facettes de ce genre. Cela commence avec le single“Space Oddity” qui ouvre la voie aux voyages spatiaux comme thème de chansons.
Sa musique devient de plus en plus sophistiquée. En 1970 sort The Man Who Sold The World, un album aux influences de musique baroque dissimulées sous un regard contemporain. Bowie continue en 1971 sa progression avec Hunky Dory, véritable pièce de théâtre musicale avec un souffle de Pop, de Free Jazz et de Blues qui pose les bases de ses deux albums suivants : le conceptuel The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars ainsi qu’Aladdin Sane qui cloue en beauté cette période Glam. Qu’est-ce qui rend fascinant ce Bowie là ? Ou plutôt devrions nous l’appeler “Ziggy Stardust”.
Il faut tout d’abord voir le contexte musical de l’époque. Le début des années 1970 rend l’Angleterre orpheline des Beatles et elle a besoin d’une nouvelle vague de folie. Ce sont les icônes du Glam Rock qui vont l’apporter par le biais de Bowie et du groupe T-Rex de Marc Bolan puis plus tard par les fabuleuses et haut-perchées harmonies du groupe Queen. Cette période est certainement celle qui rassemble le plus de monde. Pourtant, ce n’est que le début.
Chanson ultime !
Quel type de public cette première période va-t-elle particulièrement toucher ?
Tout d’abord, les personnalités proches du Jazz, présentent des prémices d’Hunky Dory jusqu’au solo de piano du morceau Aladdin Sane. Les structures propres à ce style ont de quoi séduire.
Ce Bowie là offre également beaucoup aux rockers. Notamment dans Ziggy Stardust et la puissance de “Moonage Daydream” ou bien celle du morceau titre.
Dans Aladdin Sane, Bowie secoue son monde avec “Watch That Men” et son rythme boogie-woogie ou bien encore la reprise des Rolling Stones : “Let’s Spend The Night Together”.
Notons également l’album de reprises PinUps dans lequel ce dernier explose les potards en reprenant The Who ou bien les Pink Floyd sauce Syd Barrett.
De Halloween Jack au Thin White Duke.
En 1974, l’album Diamond Dogs clôt la période Glam Rock de David Bowie (qui se fait appeler ici “Halloween Jack”). On peut le voir cependant comme une véritable transition de l’artiste. Le single “Rebel Rebel” laisse entrevoir les prémices du Punk qui ravagera bientôt le Royaume-Uni. Bowie se tourne désormais vers la Soul et le Funk. Il s’agit d’un style pas si éloigné du Rock et permet d’amorcer plus tard une “Trilogie berlinoise” se voulant beaucoup plus conceptuelle et réservée.
Pendant cette période Soul/Funk, Bowie sort les albums Young Americans et Station To Station d’où il tirera le personnage de “Thin White Duke”. Bowie réussit ce pari de renouveau puisque le single“Fame” lui procurera son premier numéro un américain.
On peut néanmoins dire que la musique de Bowie gagne en précision ce qui peut la rendre moins abordable auprès d’un public plus large. Auditeurs avertis ou fans inconditionnels de l’artiste pourront y trouver leur compte. C’est alors que Bowie s’envole pour Berlin pour se retrouver et nous perdre un peu plus aussi.
La chanson “John, I’m Only Dancing” pendant la période Young Americans (1975).
La trilogie Berlinoise
La fin des années 1970 voit David Bowie se renouveler une énième fois avec trois albums que la postérité nommera : “Trilogie Berlinoise”. Épaulé par Iggy Pop, et influencé par Kraftwerk, il va produire les albums Low, Heroes et Lodger constituant cette trilogie avant-gardiste.
L’occasion d’émerveiller encore une fois un nouveau public et de devenir encore une nouvelle personne. Comme pour chaque période de sa carrière, Bowie renaît mais la renaissance de l’artiste à Berlin sera certainement la plus importante. Au final, ce qui fascine le public avec ces trois albums c’est autant la qualité musicale du projet que la capacité de Bowie à se réinventer sans cesse.
Let’s Dance !
Les eighties arrivent à grand pas et l’année 1980 est l’occasion de voir la sortie de Scary Monsters. Comme il l’avait fait en passant du Glam à la Soul/Funk ; Bowie effectue la transition d’un monde vers un autre. Mais dans le cas de Scary Monsters c’est beaucoup plus général. L’artiste enterre carrément les années 1970 et tout ce qu’il a pu produire durant cette décennie très riche.
La destruction créatrice la plus marquante est celle de son personnage de Ziggy Stardust ou bien de son “Major Tom” devenu junkie dans la chanson “Ashes To Ashes”.
Il est prêt désormais à ouvrir une nouvelle porte ! Celle des clips TV, des tops MTV, de la dance et des collaborations prestigieuses.
Tour d’abord en 1981 avec Queen et le tube “Under Pressure”. En 1983 sort l’album Let’s Dance. C’est un triomphe et son plus grand succès commercial. Bowie se hisse aux côtés des nouvelles idoles de l’époque comme Michael Jackson. Les titres connaissent un succès fou sur les ondes, de “China Girl” à Modern Love. L’année 1985 le voit se rapprocher de son ami Mick Jagger (pris de quelques frivolités solo) pour la reprise de Dancing In The Street.
Le clip de “Dancing In The Street”.
La fin des années 1980 est plus calme. Les albums suivants, Tonight (1984) et Never Let Me Down (1987) comporte une touche mainstream qui peut décevoir beaucoup. C’est en tout cas le ressentit d’auditeurs du grand public.
Mais en ce qui concerne les fans de Ziggy Stardust ils conviennent sans peine que c’est là “l’une des périodes les moins géniales de leur idole”.
Tin Machine et la Fin du Millénaire.
Il manquait à Bowie l’expérience au sein d’un groupe. On peut dire que la création de “Tin Machine” à la fin des eighties a permis de boucler la boucle. Le groupe sort deux albums en 1991 et 1992 plus un live l’année suivante. La musique de Bowie regagne un côté brut perdu durant les années MTV.
En 1993 sort le premier opus de l’ère post Tin Machine : Black Tie White Noise. L’album n’est pas un triomphe mais il se vend plutôt bien. Comme si le public se rendait compte que David était absent depuis quelque temps. En fait, il n’a pas du tout suivi l’épisode Tin Machine. Il faut attendre 1995 pour que Bowie connaisse une véritable renaissance. Cette fois, la transition fut plus longue qu’a l’accoutumée mais l’album 1. Outside est perçu par de nombreux fans comme un pur bijou. C’est également le retour à une collaboration avec Brian Eno (comme sur la trilogie berlinoise).
La fin des années 1990 est une nouvelle transition. Bowie se cherche. En 1997 c’est la sortie d’Earthling, un album qui transpire le besoin de changement. Encore une fois, ce changement a animé l’artiste durant sa carrière. C’est un nouvel univers. Mais cet univers là est loin d’être grand public.
Les albums Hours et Heathen suivent ensuite en 1999 et 2002. Des albums idéaux pour accompagner des tournées.
De Reality à Blackstar.
En 2003 c’est le choc… David Bowie sort l’album Reality porté un single d’une puissance digne de Ziggy Stardust : “New Killer Star”. Tout est dans le titre… S’ensuit une tournée exceptionnelle qui donnera un album live A Reality Tour.
Le chanteur en profite pour rendre un vibrant hommage à George Harrison en reprenant son “Try Some Buy Some”…
Faire face à la réalité…
Les soucis de santé commencent à l’empêcher de se produire. Une quinzaine de dates du “Reality Tour” sont annulées. L’artiste rentre donc dans une décennie silencieuse jusqu’à la sortie surprise de The Next Day. Une sortie magnifiquement orchestrée compte tenu de la façon dont Bowie a communiqué autour de ce disque. En 2013, dix ans après Reality ; le retour est bien accueilli. Il signe l’album que les gens attendaient peut-être sans le savoir. Il est d’une grande profondeur et comme à son habitude plein de réflexion sur Bowie et ses facettes. Toute sa vie, il aura su se mettre en scène sous mille visages, mille sonorités, mille tenues excentriques…
Nous arrivons à son ultime album. Blackstar sort le 8 Janvier 2016, deux jours avant que le monde apprenne le départ de cette icône intemporelle.
“Blackstar”. Un des morceaux de la décennie en cours.
Blackstar n’est pas une œuvre facile à aborder. Nous l’avions écoutée avant sa mort sans se douter que cette dernière donnerait un réel sens à ce testament. Musicalement, l’album “perd” beaucoup de monde. En somme, David Bowie a véritablement inventé ici la musique des dix prochaines années (minimum). Que ce soit le groove de “Lazarus”, l’indescriptible rythmique de “Blackstar” — le morceau titre — qui sonne telle une énigme de Dub-step obscure ou bien son solo de saxophone mixé dans un un Free Jazz démentiel : nous sommes là devant quelque chose d’à la fois ultime et annonciateur…
Deux ans après sa mort nous pouvons plus que jamais écrire ou dire que “David Bowie Est” et non que “David Bowie Était” comme nous le mentionnions en titre de cet article fleuve. Il fallait bien ça. David est le contraire de la mort et sa musique a encore de longues années devant elle. Elle les passera à faire tourner les têtes. Nous vous le certifions.
À bientôt sur RefrainS.
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