À partir d’aujourd’hui et ce jusqu’à la fin de l’année, nous vous dévoilons les top 10 respectifs des albums de l’année 2017 selon les membres de la rédaction. Voici donc celui d’Antonin.
Bonne lecture !
10/ Iron & Wine—Beast Epic — Sub Pop Records ??
À l’écoute de ce 6 ème album studio du collectif folkeux/rêveur Iron & Wine, nous sommes transportés par les rythmes particulièrement soignés et une voix à la fois tendre et suave du chanteur. On ne trouve rien de nouveau, c’est du vu et revu et pourtant on prend toujours autant de plaisir sur ces balades paisibles, cette langueur agréable qui nous pousse à croire à un retour épique de la musique Folk. Cet album reste tout de même grandement inspiré du son de la West Coast américaine des années 70 : un doux mélange entre Jackson Browne et James Taylor qui nous rappelle à tous qu’il suffit simplement d’une guitare acoustique et d’une jolie voix pour faire une bonne production musicale. Reste un point à soulever, celui de la durée de l’album : seulement 36 minutes, un choix qui peut repousser quelques personnes mais cette douce parenthèse musicale de 36 minutes se joue comme une séduction, attrapé au cœur, on ne peut plus résister à l’écoute.
9/ Cigarettes After Sex — Cigarettes After Sex — Partisan Records ??
Parlons déjà de ce nom de groupe qui, de façon incontournable, est aussi le nom de l’album. Ravageur, marquant et puissant, ce nom nous donne directement envie d’écouter l’album. Il est sûr qu’aucun groupe qui joue encore aujourd’hui ne fait une musique qui correspond mieux à ce nom : Cigarettes After Sex.
Cet album est une drogue légère et volatile qui réveille tous vos sens, on est littéralement emporté par la mélancolie musicale du groupe Texan. Premier album du groupe, cinq ans après la sortie du premier EP, le quatuor nous livre cette année un recueil de réflexions sur la romance et l’érotisme qui ont le rythme languissant et le ton franc d’une brume post-coït.
Le chant enveloppé de réverbération de Greg Gonzalez se mêle à des parties de cordes, de basse et de guitare douces mais résonnantes, agréablement sensibles et impressionnistes. L’élégance musicale de chacun des morceaux est une beauté abstraite… On est plongé dans l’écho qui englobe tout l’album et on s’enfonce dans les rythmes lents de la « ride » d’une batterie berceuse.
Mais qui est Sampha ? Cet artiste que tout le monde connaît sans le savoir ?
Avant d’être une voix et un multi-instrumentiste, Sampha Sisey est un producteur à l’oreille fine. En seulement quelques années il a travaillé avec les plus grands noms du R’n’B : Drake, SBTRKT, Kanye West…
Cette année, l’artiste originaire de Londres débarque sur le devant de la scène en solo avec un premier album qui nous offre une immense palette d’émotions. La voix douce et singulière du chanteur nous transporte dans son univers. Sampha la dirige à travers des paroles incroyablement personnelles, pleines de douleur, d’amour et de redécouverte. On retrouve à travers l’album de nombreuses influences, on peut reconnaître une grande variété de sonorités qui nous rappellent quelques productions d’artistes comme Stevie Wonder ou encore Brian Eno, c’est vous dire l’éclectisme de l’artiste qui se ressent dans tous ses morceaux.
Un artiste à la fois mystérieux et talentueux qu’il faudra désormais suivre de très près.
7/ Juliette Armanet — Petite Amie — Universal Music ??
Juliette Armanet reste définitivement la découverte féminine de l’année. Cette chanteuse lilloise est arrivée de nulle part. Ancienne journaliste documentaire pour ARTE, elle remporte en 2014 un concours de jeunes talents pour le très mauvais “magazine” Les Inrockuptibles. En 2017, elle décide de sortir son premier album qui est une réussite totale. La première chose qui nous marque chez Juliette Armanet est sa voix, un doux mélange de Véronique Sanson et de Joni Mitchell, cependant n’allez pas vous imaginer quoi que ce soit, Juliette Armanet a son propre style, un style qui se ressent dans l’écriture de ses paroles, une très belle plume qui s’allie à merveille avec des productions musicales tantôt Disco tantôt piano voix. Une œuvre qui associe la mélancolie à la poésie et à la joie.
Cette artiste française rafraîchissante et élégante dans sa musique est le coup de cœur de l’année, en espérant qu’elle pense déjà à une suite car pour ma part, je l’attends avec impatience.
6/ Tinariwen — Elwan —Wedge/PIAS ??
La musique du diable.
Depuis sa création le Blues a connu bien des développements, des transformations, mais c’était sans compter sur Tinariwen : le fédérateur d’une synthèse musicale mêlant le Blues, le Rock et la musique traditionnelle Touareg.
Le groupe Malien sort cette année son huitième album studio, un bijou oriental qui fait résonner le “Blues du désert”. Le son est comme à son habitude très répétitif sur la forme musicale, ce qui permet à l’album de nous transporter, voir nous transcender comme s’il ne se résumait qu’à une seule et longue chanson très sensuelle. Avec leur patrie saharienne devenue une zone de conflit menacée par les insurgés salafistes, le groupe a enregistré ce septième album en partie dans le parc national californien de Joshua Tree et en partie dans une oasis du sud du Maroc. Le chant d’appel et de réponse entre les instruments de Tinariwen est inexorable, envoûtant. Ils sont toujours les champions du genre qu’ils ont créé.
Elwan est peut-être leur album le plus puissant depuis Amassakoul, la confrontation de leur situation de front, dans des chansons qui évoquent les valeurs de l’ascendance, de l’unité et de la fraternité, animée par les rythmes de guitare cycliques et hypnotiques.
Mais où était donc passé Tricky ? Ce rappeur anglais à la plume unique qui avait littéralement enivré le monde du Rap avec son premier album Maxinquaye en 1995. Son flow et ses productions à la fois mélancoliques et diaboliquement ravageuses avaient laissé sur leur passage un grand nom du Rap européen. Depuis, l’inventeur du Trip Hop n’avait pas vraiment marqué les esprits, une sortie de piste conséquente qui nous a fait oublier ce grand homme de la musique.
Aujourd’hui, il est de retour ! Ressortant ses vieilles « prods » en compagnie de Massive Attack.
Tricky fait dans ce nouvel opus une sorte de point sur lui-même et signe un album qui, d’après lui, doit être écouté comme un un voyage dans le bonheur et la satisfaction. Bon… Dès la première écoute on comprend vite que le type a une vision vraiment particulière du bonheur : il écrit beaucoup sur la mort et sur le poids de la société et aussi sur ses vieilles histoires de famille qui pèsent sur ses épaules fatiguées. La meilleure nouvelle de cet album reste le retour aux sources musicales, quelque chose d’assez sexuel et tout de même bien violent. On passe d’une ballade jazzy accompagnée d’une guitare, un piano et des cordes sur la voix tiraillée du rappeur à un son plus excessif dans la conception musicale avec « Dark Day » qu’il signe en featuring avec la chanteuse Mina Rose.
Pour conclure, un album marquant, un « Back To The Future » bien ficelé qui nous redonne confiance en l’âme de ce grand rappeur.
4/ Vitalic — Voyager — Universal Music Distribution Deal ??
Depuis 2012 nous n’avions plus trop eu de nouvelles de Pascal Arbez-Nicolas, alias Vitalic, ce pionnier de la scène électronique française à la patte musicale inimitable. Cette année le compositeur est de retour avec un quatrième album studio, un nouvel opus taillé dans la roche pour les nuits interminables. Cette fois-ci, très peu de vocoder ou autres voix robotiques comme à son habitude ; seulement une basse cadencée et terriblement calibrée avec des arrangements style « industriel ». Dès le début de l’album on est projeté sur la planète “Vitalic” avec le morceau “El Viaje”.
Durant tout l’album (environ 45 minutes) les morceaux s’enchaînent et deviennent plus en plus puissants, énergiques et mélodieux. À côté de ça, on garde quand même en tête que le tube de l’album reste bien évidemment le morceau “Waiting For The Stars” qui, à mon goût, est un des meilleurs morceaux Electro/Techno de l’année 2017. Une espèce de claque galactique qui nous transperce les tympans, notamment grâce à la perfection sonore d’une basse tout autant sensorielle qu’agressive qui s’accorde à la perfection à la voix de David Shaw.
Pour résumer, “Voyager” est une véritable odyssée rétro où l’on retrouve les traces mélodiques de grands compositeurs de la musique électronique tels que Cerrone ou encore Giorgio Moroder. Cet album représente tout simplement le mélange des deux facettes musicales du compositeur : une condensation d’agressivité sur une beauté sonore.
Plus d’informations en lisant notre article au sujet de l’album en cliquant sur le lien ci-après ? ➥ Ici.
3/ Foo Fighters — Concrete & Gold — Roswell Records ??
« C’est la vie mon chéri… ».
Après avoir pris une énorme claque au concert du groupe en juillet dernier à l’AccorHotels Arena, je me suis longuement penché sur cet album fantasque et électrique. Depuis 1995 et la sortie de leur premier album les Foo Fighters ne nous ont jamais déçu. Le groupe mené par l’incroyable Dave Grohl (ancien batteur de Nirvana), n’a cessé de nous surprendre en réinventant le style Hard-rock à sa manière.
Cette année signe le renouveau d’un style, un mariage arrangé entre la passionnante violence musicale des grosses guitares et des cymbales qui explosent et celle de la dentelle acoustique qui lance l’album sur le morceau « T-Shirt » qui débute doucement avec le chant plaintif de Grohl, avant de vous frapper à travers toute la pièce avant que n’ayez eu le temps de monter le volume de votre stéréo, un morceau qui amorce l’explosion auditive des titres suivants. En effet, la suite de l’album n’est pas moindre, on assiste à l’association tant désirée par le groupe : « un Motörhead version Sgt. Pepper »…
Ce qu’on retiendra principalement c’est le mixage de chaque morceau, les Foo Fighters comme à leur habitude persistent à détenir le meilleur son possible et c’est encore une fois réussi, malgré un puissant master drive sur les trois guitares on arrive toujours à décerner les mélodieux riffs qui englobent à la perfection le jeu de batterie du grand Taylor Haukins.
Pour être plus clair : l’album rock de l’année !
2/ The War On Drugs — A Deeper Understanding — Atlantic Records ??
Soyons clairs et réalistes. Que nous aimions ou pas le style du groupe The War On Drugs il faut avouer que ces “plus très jeunes” rockers de Philadelphie ont réussi en quelques années et six albums à faire renaître un style que nous pensions mort et enterré ; un Rock à la monotonie attirante et sensuelle, une musique de route, celle de la côte-ouest Américaine des années 70.
Aujourd’hui, le sextuor fait son retour dans les bacs avec son nouvel opus intitulé A Deeper Understanding. La première écoute de l’album est apaisante, reposante, on s’enfonce morceaux après morceaux dans l’univers rocambolesque du groupe, on sillonne lentement la route sans fin qui s’adonne à nous accompagnée de solos interstellaires comme sur le morceau « Strangest Thing », nous rappellent ceux de David Gilmour pendant la période The Dark Side Of The Moon, des orgues très gras et un harmonica présent sur quelques morceaux qui arrivent très bien à remplacer les cuivres présents sur le précédent album.
On nage en plein bonheur musical.
The War On Drugs fait partie de ces quelques rares groupes qui arrivent encore à rendre leurs mélodies prévisibles, leurs solos répétitifs, leur atmosphère monotone tout en gardant cette énergie musicale qui parvient à nous faire oublier tous ces défauts.
1/ Loyle Carner — Yesteday’s Gone — EMI Group ??
Yesterday’s Gone est l’album de l’année. Pourquoi ?
Le jeune Loyle Carner est une énigme à lui tout seul. Ce londonien atteint d’une forte dyslexie et d’hyperactivité a débuté très tôt dans le Rap. Dès sa plus jeune adolescence il commence à écrire sur sa vie, ses émois amoureux et les problèmes qu’il ressent dans sa banlieue londonienne. Le rappeur passe par la BRIT School (tout comme Amy Winehouse) où il étudie l’art dramatique avant de se lancer dans le Rap et… la cuisine.
Et oui, il n’est vraiment commun ce Loyle Carner, passionné de cuisine il divague entre l’écriture de ses textes, les passages en studio et des cours de pudding.
Revenons à l’album, son premier et peut-être déjà son chef-d’œuvre. L’album a quelque chose de déjà grandiose pour un rappeur de seulement 22 ans, de par les textes qu’il pose délicatement sur ses « prods », il nous raconte sa vie mais plus particulièrement son destin familial boulversé et son enfance difficile où il a énormément souffert, on reste à la fois bluffé et touché par la beauté de son flow et de sa plume qu’il met en valeur dans chacune de ses chansons. Au niveau musical on assiste à un mélange des genres dès le premier morceau qui est lancé par une chorale gospel qui nous plonge dans l’univers mélodieux et symphonique de l’artiste. Par la suite ce sont des sonorités mêlant le Rap East-Coast au Jazz et à la Soul qui viennent s’entremêler pour ne former plus qu’un seul et même style : son style.
Un album paradoxal qui nous fait passer de la joie à la mélancolie en gardant cette touche sombre qui réside en ce rappeur qui n’a pas fini de nous surprendre.
À bientôt sur RefrainS.
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