26 septembre 1969, le dernier enregistrement des Fab Four se révèle au public. Dernière représentation d’un groupe, d’une décennie, Abbey Road marque le clap de fin de ce qui aura été et demeurera une légende sans pareille.
Officialisée un peu moins d’an après la sortie de l’album, la séparation des Beatles n’en est pas moins déjà actée. À la suite de séances d’enregistrement difficiles, où les tensions entre les membres restent présentes, John Lennon annonce sa décision de quitter le groupe. Malgré l’adversité, chaque membre des Beatles contribue magnifiquement à ce dernier épisode. George Harrison s’affirme comme un auteur-compositeur capable d’égaler ses aînés, avec “Here Comes The Sun” et surtout “Something” que Frank Sinatra décrira d’ailleurs comme sa chanson préférée du duo Lennon-McCartney. Ironique… De son côté, Lennon continue à expérimenter, son hymne psychédélique “Come Together” et sa composition aux sonorités Blues “I Want You (She’s So Heavy)” se distinguent comme les titres les plus singuliers de l’album.
Mais c’est Paul McCartney, le leader de facto des Beatles depuis quelques années qui va apporter une touche unique à l’album. Imaginé avec George Martin, le producteur éternel des Fab Four, le “medley” d’Abbey Road parachève une discographie déjà impossible à qualifier. Sous la coupe de Macca, chaque membre prend part à ce qu’on pourrait qualifier de condensé de leur œuvre. Dans ce court quart d’heure on retrouve l’humour mordant de Lennon, les meilleures partitions de batterie de Starr et Harrison sublime son jeu de guitare encore une fois. Paradoxalement, alors que le groupe se délite, il nous gratifie de ses meilleures harmonies vocales, notamment des harmonies à trois entre Harrison, Lennon et McCartney sur des titres comme “Because” et “Sun King”.
D’une cohérence unique, un véritable mouvement musical homogène, comme le souhaite McCartney, le medley s’achève par ce qui représente la quintessence des Beatles. “Carry That Weight” avertit de l’héritage lourd qu’aura chacun des membres à porter une fois l’aventure finie. Sobrement intitulé “The End”, le dernier morceau de l’album, où chaque membre se relaye pour poser un dernier solo, une dernière démonstration de leur virtuosité respective, expose l’ultime message des Beatles : “And in the end, the love you take is equal to the love you make”.
Déchirés par les batailles d’ego, et étouffés par leur succès, les Beatles ne peuvent pas continuer mais s’envolent tout de même sur une dernière touche de ce qui a symbolisé leur carrière et leur décennie : l’amour. Abbey Road est le testament des Beatles mais aussi celui d’une époque, une époque définitivement révolue.
Abbey Road sera réédité pour son cinquantième anniversaire ce 27 septembre et sera accompagné de nombreuses démos ou versions alternatives, pour la plupart inédites.
À bientôt sur RefrainS.
J.
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