? Pendant la lecture, profitez de notre playlist spéciale intitulée “Bye Bye Chuck !”.
“Johnny B. Goode”, “Reelin’ & Rockin’”, “Maybellene”, “You Never Can Tell”… Ces titres, à eux seuls sont devenus rapidement des définitions du Rock’n’Roll. Ils sont même devenus des hymnes et ils ont été interprétés par Chuck Berry. Le natif de Saint-Louis dans le Missouri nous a quitté en ce printemps 2017 à 90 ans dont plus de 60 en mission pour le Dieu du Rock. Bye Bye Chuck !
John Lennon disait en version originale : “If you tried to give Rock’n’Roll another name, you might call it the ‘Chuck Berry’.” — littéralement : “Si le Rock’n’Roll ne s’appelait pas comme ça, on l’appellerait le Chuck Berry “, NDLR — Rien n’est moins sûr que ce constat car Chuck est à la fois inventeur et pionnier de ce style. Il est en même temps une des plus grandes légendes que le Rock’n’Roll ait généré avec Elvis Presley, Buddy Holly ou bien encore Little Richard. Malgré plusieurs séjours en prison, sa carrière est florissante des années 50 aux années 70. Il fait ses débuts en jouant un Blues mâtiné de ballades et de Hillbilly au sein du Johnnie Johnson Trio puis il s’engage dans une toute autre voie en signant avec le label Chess Records. C’est d’ailleurs avec “Maybellene” (1955) que nous citions en introduction que tout commence véritablement pour Chuck. Ce titre est un tremplin pour lui.
Trois années s’écoulent et en 1958 sort “Johnny B. Goode” qui changera la donne puisque considérée comme l’une des meilleures chansons Rock jamais créées. Le magazine Rolling Stone la consacrant septième plus grande chanson de tous les temps. Avec un thème cher à ceux abordés par la plupart des musiciens de Rhythm’n’Blues et de Blues de l’époque, elle traite du quotidien, de la vie de tous les jours mais également, elle redistribue les cartes dans le monde de la musique grâce à son aspect technique. Chuck créée un son, une façon de jouer ; un nouveau langage en studio et sur scène. C’est sur les planches qu’il invente son célèbre Duck Walk. Entre son jeu de guitare qui donne encore aujourd’hui du fil à retordre à tous les guitaristes de la planète et son jeu de scène il y a chez Berry une énergie vivifiante.
Les bases du Rock’n’Roll sont posées.
Les années 1960 sont marquées par plusieurs autres titres imparables tel que “No Particular Place To Go”.
Au début des années 1970, il revient notamment en 1972 avec une chanson assez ironique nommée “My Ding-A-Ling”. Il passe le reste de la décennie à enchaîner les spectacles et les tournées avec une particularité qui en dit long sur le personnage parfois un peu trop individualiste : il se déplace seul et embauche des musiciens locaux à chaque concert. Ces derniers devant être capables à tout moment de jouer n’importe quel titre de la discographie du Chuck qui ne fait généralement pas dans la dentelle du point de vue managérial. Entre guitares désaccordées et musiciens à la traîne le résultat est souvent cacophonique. Il enregistre son dernier album studio en 1979. En octobre 2016, à l’occasion de ses 90 ans, il annonçait son retour avec un nouvel album, humblement nommé Chuck.
Parmi tous les souvenirs qui sont remontés dans nos esprits lorsque nous avons appris la nouvelle à la rédaction de RefrainS, un nous est apparu comme une évidence. Il s’agit d’un passage du documentaire Hail! Hail! Rock ’n’ Roll (1986), qui est en grande partie la captation des répétitions et des concerts organisés par Keith Richards pour célébrer le soixantième anniversaire de Chuck Berry. Nous y retrouvons un Chuck Berry particulièremnt dictateur et génial aux prises avec le guitariste de The Rolling Stones à la fois admirateur et exaspéré pour une version détonnante de “Carol”. Extrait à visionner en cliquant ici.
Après l’an 2000, il donne une série de concerts qui rencontrent un vif succès, remplissant les salles européennes (L’Olympia de Paris, notamment, en 2005, 2006 et 2007). La qualité des sets étant plus ou moins aléatoires selon l’humeur et la bonne volonté de Chuck Berry, les spectateurs semblaient être avant tout présents pour voir cet homme rieur leur raconter à travers ses chansons des parts de vie.
Chuck est donc parti après des tentatives de réanimation infructueuses. Même s’il ne faisait plus grand chose il emporte avec lui la recette ultime du Rock qui semblerait résider dans un savant mélange de Blues, de textes simples qui parlent de filles et de voitures, de solos de guitare limpides et d’une très grosse pincée de feeling. Un style simple qui a inspiré les plus grands musiciens tels qu’Angus Young du groupe AC/DC, The Grateful Dead, The Kinks ou encore Iron Maiden. Nous retrouvons également Chuck dans la “culture populaire” puisqu’il figure dans la B.O. de deux films cultes : Back To The Future de Robert Zemeckis et Pulp Fiction de Quentin Tarantino. Enfin, n’oublions pas que Chuck a aussi enregistré quelques ballades dont la très crépusculaire “Havana Moon” et ses accents rappelant les guitares des îles.
Alors merci pour tout Monsieur Berry. Terminons par ces quelques mots issus de “You Never Can Tell” (1964) :
“They had a hi-fi phono, boy, did they let it blast, Seven hundred little records, all rock, rhythm and jazz.”
Littéralement : “Ils avaient une chaîne stéréo, et l’ont-ils mise à fond ! Sept cents disques. Tous de Rock, de Rhythm et de Jazz”. Et si c’était ça le vrai bonheur ?
À bientôt sur RefrainS.
C.
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