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“La Maison, la Famille, l’Amour”. L’album McCartney a 50 Ans.

Le premier album solo de Paul McCartney est sobrement intitulé McCartney. Il sort en avril 1970. Sa pure simplicité a surpris les auditeurs de l’époque. Le disque est paru un peu plus de six mois après Abbey Road et sa production ultra-léchée alors que Let It Be n’était pas encore commercialisé. Avec McCartney, le résultat est un ensemble de titres où l’émotion prime. Cette dernière raconte Paul avec ses hauts et ses bas. L’année tumultueuse que traverse Macca avec les Beatles explique en partie cela. Aussi, malgré un aspect très sommaire, ce premier opus solo est un album pertinent pour toute une génération.

L’objectif de ce “projet” qui n’en est pas vraiment un : revenir aux fondamentaux. Du homerecording essentiellement. Une batterie traîne. Paul l’utilise. Il ajoute des parties de guitare par-dessus. Et tout se fait de façon naturelle, organique. On ne peut pas parler d’enregistrement dans les règles de l’art. Le disque est personnel, chaud. C’est ce que Paul voulait avec le recul. La musique était très expérimentale et basique. Par exemple, pour la chanson “The Lovely Linda” qui a été une des premières que Paul a écrite de cette manière un peu nouvelle pour lui, on peut entendre la porte du jardin qui s’ouvre et se ferme en fond. Il y avait pendant les sessions de travail sur les chansons toute l’atmosphère d’un certain chaos domestique. Intérieur et celui de ses maisons en Écosse et à Londres. Le côté plus “professionnel” de McCartney a été ajouté à certains titres en studio, à Abbey Road où Paul “bookait” des heures sous le pseudonyme de Billy Martin pour passer inaperçu. Une liberté qui lui a permis de créer sa musique la plus informelle à ce moment de sa carrière.

Les chansons de l’album comprennent des titres initialement prévus pour des albums avec les Beatles. C’est le cas pour “Teddy Boy” et pour “Junk”. Ils n’étaient pas retenus… Et tout cela a contribué à la fin du groupe pour synthétiser la chose. Bien évidemment, il n’y a pas eu que ces éléments. Tout de même, on ressent dans McCartney une certaine positivité malgré un contexte personnel compliqué pour Paul dans lequel se bousculent des envies comme celle que les Beatles reviennent sur le devant de la scène et des regrets, des désillusions : chansons qui n’ont pas été retenues, séparation du groupe actée, comme écrite depuis déjà bien longtemps, moral à zéro. Le positif se trouve dans certaines chansons comme “Every Night” dont le sens peut-être parfois un peu ambigu ou bien encore comme dans “Man We Was Lonely” et sa métrique de Country chaloupée qui décrivent bien à quel point la vie s’est améliorée pour les McCartney qui viennent de se marier et dont la famille s’agrandit.

La pochette de l’album est un reflet fidèle des perspectives de McCartney en cette année 70 : séparation des quatre garçons dans le vent, mise en retrait forcée et salutaire d’Apple Records ainsi que du business musical du swinging London. Le background n’est pas parfait, loin de là. Pourtant, Paul trouve dans son bon équilibre naturel et dans sa vie de famille le réconfort. Il semblait sincère avec ce qu’il voulait montrer au public, et encore, est-ce que McCartney pensait au public en écrivant les 13 titres de l’album ? Pas sûr. La trajectoire évidente était simplement de ne se donner aucune contrainte et de partager les images d’une famille en mode vacances sous l’objectif de l’appareil photo de sa femme Linda. Des photos mises en musique qui laissent à voir une certaine liberté, libération dans le regard des sujets comme en témoigne la photo à l’arrière du disque où l’on voit Paul, barbu, souriant, sobrement vêtu avec la jeune Mary dans son manteau.

Portrait de Famille.
L’intérieur de la pochette faite de photos prises par Linda et Paul en Écosse, au Portugal, en France…

Finalement, force est de constater que ce n’était peut-être pas une si mauvaise période pour Paul McCartney. Même si niveau “affaires”, c’était le calme-plat. Cette dichotomie a hanté la sortie de cet album solo. Pour la promotion de de McCartney, l’ex-membre des Beatles était forcé de parler plus de la séparation des Beatles que de sa propre musique.

Paul McCartney et la fille de Linda (Heather) en 1969 – Les Baux – France.

En somme, ce premier album solo est bien étrange. Entre la fin des Beatles et le “nouveau” McCartney avec ses fêlures et ses tourments causés par un contexte un peu spécial, l’ensemble est très particulier. Fièrement lo-fi car enregistré sur un équipement sommaire et comprenant des titres parfois inachevés, c’est un disque qui montre un détachement. Celui des contraintes de temps, de lieu et du public. Lorsqu’on l’interrogea sur le thème de l’album, Paul répondit : “La maison, la famille, l’amour“. “The Lovely Linda” et “Oo You” en sont les parfaits exemples. Tout comme “Every Night” imaginée en Grèce d’ailleurs. Que des choses personnelles pour la majorité des titres et surtout l’impression que Paul ne savait pas du tout ce qu’il allait faire. Durant l’écoute, on a le sentiment qu’il est comme anéanti par on ne sait quelle épreuve. Mais quelques secondes plus tard, l’Amour avec un grand “A” accomplit des miracles. Dans “Maybe I’m Amazed”, c’est criant de vérité et c’est le cas de le dire.

Dans un monde où certains artistes ont pris l’habitude à chaque disque de s’isoler pour se confier, ce McCartney premier du nom est une petite merveille sous-estimée.

À bientôt sur RefrainS.

C.

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