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Les Gens l’Appelaient “l’Idole des Jeunes”.

? Pendant la lecture, profitez de notre playlist spéciale.

Après un long combat contre le cancer, Johnny Hallyday s’est éteint cette nuit du 6 décembre 2017 auprès des siens dans sa résidence de Marnes-la-Coquette.
Notre équipe s’était juré de rompre avec la tradition journalistique visant à rédiger une nécrologie avant le décès d’un artiste. Nous vous proposons donc sur le tard ces quelques lignes d’un modeste hommage à celui qui a su incarner le rock en France comme personne.

“Je m’appelle Jean Philippe Smet”.

                                                            Johnny à l’Olympia en 1962.

“Je m’appelle Jean-Philippe Smet et je suis né à Paris, vous me connaissez mieux sous le nom de Johnny : Un soir de juin en 1943. Je suis né dans la rue par une nuit d’orage”.
L’histoire de Johnny Hallyday nous la connaissons tous… Il n’existe pas un seul artiste français aussi ancré dans l’esprit de la population des pays francophones. Que ce soit consciemment ou non, nous connaissons tous une ou plusieurs musiques de Johnny Hallyday. Et, c’est un autre débat ; que nous le reconnaissions ou pas, nous en apprécions tous au moins une.
L’histoire de ce garçon commence dans les folles années de l’Olympia de Bruno Coquatrix et s’achève sur une décennie chargée de Stade De France à guichets fermés en passant par quelques apparitions au cinéma.

“Oh ! Let’s Twist Again”.

                                                                        “Salut les copains !“.

Le début de carrière de ce monstre sacré de la musique francophone ne commence pas seulement par les reprises en français des standards américains et britanniques. C’est avec “Let’s Twist Again” que Johnny décroche son premier disque d’or en 1961, s’ensuit ensuite une ascension fulgurante de celui qui devient le porte-parole d’une génération. Johnny déchaîne les foules qui viennent arracher les fauteuils des salles dans lesquelles il se produit.
Dès lors, il se démarque rapidement de ceux qui forment avec lui la bande de Salut Les Copains comme Les Chats Sauvages, Antoine, Claude François ou bien Richard Anthony. Tous les artistes de cette époque reprenaient les titres anglophones en français : le “Faire un Pont” de Dick Rivers reprenant John Denver, le “J’Attendrais” de Claude François ou bien encore “Une filles et des fleurs” en reprenant les Supremes. La différence c’est la capacité de Johnny à véritablement s’approprier chaque titre qu’il reprend. On dirait que les morceaux “Yeah Yeah” – ou “Yé-yé”, Ndlr — de ces années ont été écrits spécialement pour lui. Il n’en n’est rien mais il commence à prendre l’ascendant sur les vedettes avec qui il partage l’affiche des music-hall.

“Et la Voix d’Elvis” ?

                                    La “banane” la coupe Rock’n’Roll par excellence.

Tout comme Eddy Mitchell, Johnny est un pur fan d’Elvis Presley et de James Dean à qui il vouait un véritable culte. L’influence d’Elvis est omniprésente dans la conception de ses albums ainsi que dans l’évocation d’un respect total envers la musique noire. Dans une certaine mesure, les carrières d’Elvis et de Johnny se croisent. Ils ne sont pas des musiciens, mais des interprètes brillants ; ont toujours été entourés par des collaborateurs d’exceptions.
Autre point commun, ce sont de véritables idoles dans leurs pays respectifs. Mais comme pour Elvis, la fin des années 60 vont être un coup dur pour Johnny qui commence sa nouvelle vie d’homme marié au côtés de Sylvie Vartan.
Il débute les années 70 en totale dépression, harcelé par la presse et les impôts. Il tente de mettre fin à ses jours.
Nous rentrons donc dans une période ou la vie publique de Johnny connaît du remous et dans lequel l’intérêt musical qu’on lui porte baisse de jour en jour.

Des Yé-yés au Rock : Les Années 1970.

Johnny entouré de Michel Sardou, Claude François et Demis Roussos, Jean-Paul Belmondo dans le fond.

On peut entendre au début des années 70 qu’il est devenu “ringard” d’allez voir Johnny sur scène. Certes, il est plus facile aujourd’hui d’avoir un regard pareil, mais les années 70 constituent certainement la période la plus qualitative de l’idole des jeunes.
C’est le début du Johnny en cuir et en tenue d’indien ! C’est l’artiste qui agresse les biens-pensants en qualifiant Jésus Christ de “Hippie”. C’est le moment pour lui de reprendre les succès des premiers groupes de Blues Rock comme Creedance Clearwater Revival, mais c’est aussi la naissance de la bête de scène.

 
                       “Regardez moi, reconnaissez-moi oui je suis l’ange au yeux de lasers“ !

Les shows de Johnny gagnent en richesse et en grandeur. Sur le plan musical, il s’entoure à chaque tournée de musiciens d’exception comme Michel Polnareff. Mais ce qui va véritablement relancer la machine c’est sa collaboration avec Michel Mallory qui va lui écrire la plupart de ses grands succès comme “Le Bon Temps du Rock’n’Roll” ou “Toute la Musique que j’Aime”.
Sur scène c’est l’apothéose au Pavillon de Paris en 1979. Johnny entre en tenue très spatiale/spéciale avec les lunettes laser sur la chanson “L’Ange au Yeux de Laser”. La mayonnaise prend facilement, c’est le début d’une décennie faite de scénographies monumentales.

Le Bon Temps du Rock’n’Roll.

             Johnny et le Night Rider Band en 1981. On ne peut pas faire plus Rock’N’Roll.

Le début de années 80 est marqué par ses prestations scéniques. Suite à l’album En Pièces Détachées, Johnny retourne en tournée avec le Night Rider Band composé d’anciens musiciens d’Elton Johnpour une série de concerts sensationnels qui débouchera sur l’album aussi extraordinaire que sobrement intitulé : Live. Autres performances remarquables comme sa legendaire entrée de scène dans un poing refermé survolant le public ou bien,le spectacle introduit par Le Survivant, où l’on voit l’artiste habillé de peaux de loup tirant sur deux cascadeurs qui prennent feu sur scène.Les meilleurs artistes de le nouvelle génération sont amenés à travailler avec lui comme Daniel Balavoine qui compose pour lui “Je ne Suis pas un Héros”.
La fin des années 1980 est le théâtre logique de la collaboration avec les deux meilleurs auteurs/compositeurs de l’époque : Michel Berger et Jean-Jacques Goldman.

Rock’n’Roll Attitude et Gang.

                                             “Garde en toi une Rock’n’Roll attitude“ !

En juin 1985 sort l’album Rock’n’Roll Attitude signé par Michel Berger, c’est un véritable triomphe. La voix de Johnny a considérablement évolué… Cette voix qui, au début de sa carrière était toute fluette puis complètement ravageuse pendant les seventies trouve ici son juste milieu entre douceur et puissance.
Le morceau titre ainsi que la ballade “Quelque Chose de Tennessee” et le morceau d’ouverture “Le Chanteur Abandonné” font un carnage sur les ondes.

                      Johnny en mode “Renard du Désert” pour la pochette de “Gang”.

Un an plus tard c’est au tour de Jean-Jacques Goldman d’écrire à Johnny un album. Gang sort en 1986 et obtient un succès semblable à son prédécesseur.
Les titresL’Envie” et “Je te Promets” entrent dans les classiques du taulier qui parvient à reconquérir le grand public et les media qui l’acclament à l’unanimité.
L’idole enchaîne avec quelques dates à Bercy puis attaque les années 1990 sur les chapeaux de roues.

Du spectacle, du spectacle et encore du spectacle.

On ne peut pas dire que les années 90 soit les plus prolifiques de Johnny en matière de production studio. C’est en effet en live qu’il se distingue.
On ne compte plus les Bercy ou concerts à Montreux donnés par cet infatigable bête de scène. En 1993 c’est le Parc des Princes avec encore une fois une scénographie folle où des bikers survolent une scène construite sur le modèle du Brooklyn Bridge.

En 1995, il fait venir plusieurs milliers de fans à Las Vegas pour un nouvel album live. S’ensuit la collaboration avec Pascal Obispo et Zazie sur l’album Ce que je Sais dans lequel cette dernière lui signera le tube “Allumer le Feu” ?
Le feu est justement allumé au mois de septembre 1998 lorsque Johnny entre au Stade de France en hélicoptère.
L’année suivante, il clôt la décennie par un album composé par son fils David.
“Sang pour Sang” est certainement le dernier grand succès de l’idole.

N’oubliez Jamais…

 
                  Johnny à la Tour Eiffel, l’occasion de voir deux monuments se faire face !

Les années 2000 commencent en trombe avec des dizaines de dates complètes à l’Olympia. Pendant toute une décennie il va continuer les tournées. Des tournées immortalisées dans de nombreux albums live de plus en plus mauvais… Au point de devenir totalement anecdotiques.
En 2009, il connait ses premiers soucis de santé qui l’obligent à annuler la fin de sa tournée Tour 66 (annoncée comme sa tournée d’adieux).
S’ensuit un long feuilleton médiatique composé de combats judiciaires contre son chirurgien et de rumeurs en tout genres.
En mars 2011 il fait un retour marqué avec l’album Jamais Seulcomposé par M. L’album est disque de platine mais encore une fois il demeure totalement anecdotique pour ne pas dire affligeant.
Mais Johnny ne reste pas sur cet échec et il repart en tournée (tournée dans laquelle il ne jouera aucune des chansons composées par M pour Jamais Seul).
En 2014 il remonte avec Eddie Mitchell et Jacques Dutronc sur scène pour Les Vielles Canailles… Une tournée qui reprend en 2017 et qui verra la dernière performance scénique de l’idole des jeunes.
Johnny s’éteint donc en ce mois de décembre 2017 quelques mois après l’annonce de son cancer.

Il demeure un fait incontestable : jamais un artiste français n’aura autant marqué le public et ce sur plus de cinq décennies.
C’est un pan de l’histoire qui s’en va, un contemporain de Jimi Hendrix, un pote de Mick Jagger, un homme passionné de théâtre, de cinéma et de poésie.
Un artiste noble comme on n’en fait plus et qui a incarné en un seul corps les valeurs de la France et celles du Rock’n’Roll.

Mais pour une telle icône, la mort n’est que l’inscription d’une légende au panthéon de la musique. Quelque part, Johnny est un peu à nous. Un peu.
Reprenons les paroles que lui a écrit Michel Berger :

“Lutte pour garder ta mémoire… Et pour garder en toi une Rock’n’Roll attitude”.

À bientôt sur RefrainS.

T.

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