En 1968, le réalisateur français Jean Luc Godard alors encore en phase de recherche d’un cinéma plus “maoïste” décide de quitter Paris pour rejoindre Londres et le groupe The Rolling Stones dans le mythique studio London’s Olympic Studio en plein enregistrement de leur album Beggars Banquet.
Au terme d’un film documentaire de 1h35, le cinéaste décide de réaliser ce qui est sera un des films les plus expérimentaux que le monde du cinéma français a connu.
La division scénaristique est définitivement impressionnante et terriblement bordélique. D’un côté, nous avons le regard spectateur sur une session de composition musicale du groupe phare de la musique Rock, alors en pleine recherche sur le célèbre morceau Sympathy For Devil. Godard est le seul à pouvoir filmer ce qui est en train de se passer. On assiste directement au commencement de la séparation des Stones avec leur guitariste Brian Jones. Jagger est leader et le fait savoir à coups de pressions vocales et de demandes rythmiques bien précises, Keith lui est totalement stone mais s’efforce telle une teigne de trouver le solo qui fera retentir le morceau. Le plus triste à nos yeux, est de voir l’état de Brian Jones pendant cette session. Il est plus distant que jamais, il ne prononce pas un mot, ni même une quelconque note de musique. Accro à la drogue dure, il était devenu un fantôme dans le groupe, les répétitions où il daignait venir n’étaient absolument pas créatives pour sa part. Il se séparera des Rolling Stones la même année et mourra l’année suivant noyé dans sa piscine.
De l’autre côté de la caméra et de l’esprit tordu du réalisateur se passe quelque chose de totalement différent. On oublie le rock et les Stones pour voyager à travers divers endroits très inquiétants. Godard s’attarde à filmer ce qu’il nomme, la « Destruction par la révolution ! ». On est alors plongé dans une seconde facette du film, le côté sombre du documentaire. Le cinéaste nous plonge dans des scènes assez absurdes et révolutionnaires, limite anarchiste. Il filme des groupes de « Black Panthers » criants que la race blanche est un monstre et qu’il faut l’abattre tout jetant un coup de caméra vers des femmes blanches. Les autres scènes sont de plus en plus malsaines, mal(f)aisantes… Un homme cite Mein Kampf dans une boutique de revues pornographiques… On nage en plein dans les pensées artistiques et révolutionnaires du cinéaste qui après la diffusion de son film fut insulté et sifflé. Sa réponse n’en fut pas moindre. Il sortit de la salle, frappa son producteur et cria au public : « Bande de fascistes ». Godard dans toute sa splendeur !
Ce film documentaire est donc un micmac inimaginable. À la fois documentaire musical et anarchiste. On ne comprend pas tout, on est souvent perdu voir mal à l’aise devant ces scènes très réalistes mêlant une voix offrécitant des passages d’un roman inconnu, sûrement écrit par Godard lui-même.
“Pleased to meet you. Hope you guess my name, oh yeah Ah, what’s puzzling you. Is the nature of my game, oh yeah”.
A.
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