Phil Campbell, l’ex-guitariste de Motörhead, était en concert ce vendredi 23 mars au Forum de Vauréal (95). Une partie de notre équipe y a assisté. Elle n’a pas été déçue !
À peine 5 degrés et de la pluie fine en ce début de printemps. Il eut bien fallu un bon concert pour oublier ce désastre, et nous faire patienter jusqu’aux festivals ensoleillés qui nous attendent cet été. Et ce vendredi, sous la nuit tombante, c’est exactement ce qu’attendait la file d’attente (presque sans fin), dehors, dans laquelle certains habitués du groupe vantaient déjà les mérites de la performance qu’ils avaient vue à la Boule Noire le 19 mars.
À 20h35, ouverture des portes. Le temps de discuter 5 minutes à l’intérieur entre habitués près du bar, où se mêle à l’odeur de la bière celle de la fumée et des projecteurs qui ont chauffé pour les balances tout l’après-midi, et de s’empresser de trouver une bonne place dans cette petite salle pleine à craquer, très probablement au seuil maximum de sa capacité d’accueil de près de 300 places. Le moins qu’on puisse dire est que ce concert que nous a livré Phil et ses bâtards d’enfants pendant deux bonnes heures a satisfait les attentes et les oreilles.
Mais avant de savourer ce concert, patience. La première partie mérite bien quelques lignes, et l’écoute de leur single : “Glastonbury Spleen”. Toujours aussi ponctuel, comme à son habitude, Le Forum fait rentrer sur scène Hover Dust à 21 heures pétantes. Un duo français, vestimentairement tout droit sorti d’une publicité pour parfum (homme bien entendu), un guitariste et un batteur, deux Pierre (B. et C.), qui, eux, ne roulent pas, mais plutôt vous assomment, tant leur jeu est puissant, rendant du Trash presque mélodieux, rendant finalement appréciable un style proche de celui des Black Keys lorsqu’il est crié, voire hurlé. Tout cela dans la chaleur d’un décor très western. Une bonne première partie comme on les aime, qui a bien su remplir sa mission : chauffer le public !
Arrive alors l’heure fatidique, les lumières s’éteignent après un entracte ponctué de classiques du Rock. “Highway Star” de Deep Purple (hélas la version radio donc sans solo) se termine quand soudain l’hymne des Bastards se met à retentir ! Todd (guitare), Dane (batterie) et Tyla Campbell (basse), les 3 fils du Phil rentrent alors sur scène, suivis de Neil Starr au chant, et de celui que tout le monde attend : Mr. Phil fucking Campbell ! Démarre alors en trombe, sous la lumière de projecteurs bleus et rouges qui s’affolent, “Big mouth“, le titre phare du premier album, portant le même nom que le groupe : Phil Campbell and The Bastard Sons. Le groupe conquiert immédiatement le public, qui tape du pied, remue la tête ou tend le bras en l’air, les fans, eux, chantant les paroles de chansons qu’ils connaissent déjà.
T-shirt à l’effigie du groupe Ghost sous sa chemise à carreaux, derrière ses lunettes noires, et mâchant son chewing-gum, le vieux Phil, doyen de ce groupe de jeunes, du haut de ses 56 ans (dont 30 années passées avec Motörhead), semble serein et heureux, comme un Lemmy à qui on aurait donné une bouteille de whisky, esquissant de nombreux sourires. Au premier solo, tous les regards se rivent sur sa guitare, qu’il maîtrise toujours aussi bien. La brandissant dans les airs face à un public très réceptif, il nous démontre que son jeu n’a pas pris une ride depuis l’extinction brutale de Motörhead, faisant suite au décès de Lemmy Kilmister en décembre 2015.
Formé très peu de temps après ce tragique événement pour la planète Rock, en 2016, Phil Campbell and The Bastard Sons n’a depuis cessé de ponctuer ses shows de titres hommages à Motörhead lors de ses lives à travers toute l’Europe, comme il l’a si bien fait ce soir-là sur la scène du Forum. Ainsi, si le groupe enchaîne sur l’une des créations de son nouvel album, “The Age Of Absurdity”, il tient largement à rendre hommage au groupe de Lemmy, entamant dès le troisième titre un lourd “Deaf Forever”, issu du premier album de Phil avec Motörhead, Orgasmatron (1986), après lequel s’enchaînent des morceaux tout aussi puissants comme “Rock Out”, issu du récent Motorizer (2008). Phil pose donc les bases de l’ère Campbell qu’il a vécue, ou plutôt à laquelle il a survécu, au sein du groupe à l’as de pique. Le groupe ne joue ainsi pas moins de 12 morceaux de Motörhead, ponctués d’autant de titres du premier et du second album de ce nouveau groupe en devenir.
On notera la présence scénique particulièrement charismatique d’un chanteur, Neil Starr, longs cheveux, non pas dans le vent comme son nom pourrait le laisser croire, mais dans les yeux, qui, s’il ne pourra jamais égaler Lemmy, parvient à nous faire redécouvrir et apprécier l’écoute de morceaux de Motörhead. Surtout, il nous immerge dans les compositions originales de Phil and the Bastard Sons, typiques d’un très bon Hard-Rock où se laissent sentir des inspirations très dures, toujours très teintées de l’ADN de Motörhead période Phil Campbell. Les solos, comme les riffs, sont fluides et mélodieux, accompagnés par des musiciens très professionnels, qui, pour trois sur quatre, ne sont pas ses fils pour rien. Côté son, s’il était, pour les tympans, moins destructeur que ce qu’on pouvait entendre avec Motörhead il y a quelques années au Zénith, force fut bien de constater que le son de la guitare était parfois presque inaudible pour les spectateurs des premiers rangs, bien que l’harmonie du reste rattrapât ce détail qu’on pardonnera au responsable de la table de mixage. Après un rappel de quatre chansons, le groupe terminera sur un bon vieux “Going To Brazil”, Rock’n’Roll très rapide, donnant la fièvre à un public déjà réchauffé à bloc pour passer un bon week-end. En attendant de prochains aussi bons concerts, on l’espère…
Setlist :
– Big Mouth
– Freak Show
– Deaf Forever (Motörhead)
– Rock Out (Motörhead)
– Cradle To The Grave (Motörhead)
– Welcome To Hell
– Take Aim
– Born To Raise Hell (Motörhead)
– On Your Feet or on Your Knees (Motörhead)
– R.A.M.O.N.E.S (Motörhead)
– Ringleader
– Dark Days
– Silver Machine (Motörhead)
– Ace of Spades (Motörhead)
– High Rule
Encore :
– Just ‘Cos You Got The Power (Motörhead)
– Rock’n’Roll (Motörhead)
– Heroes (Motörhead)
– Going To Brazil (Motörhead)
Paul Maugis pour RefrainS.
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